I was asked by Andre Pratte, the editor in chief of La Presse, to prepare a brief overview of the argument in Fearful Symmetry about how Ottawa should accommodate Quebec in the coming years. Especially because the article (which appeared on Tuesday, 22nd September, 2009) does not appear on-line and is therefore not searchable, I reproduce the article as I originally submitted it below.
La fin de la surenchère
Paru dans La Presse du 22 septembre 2009 (cet article n’est pas disponible à l’Internet)
Par Brian Lee Crowley
La présence simultanée durant les années soixante d’une bulle démographique et d’un mouvement crédible prônant l’indépendance du Québec a déclenché une espèce de surenchère pour capter la loyauté des jeunes Boomers francophones. Des programmes fédéraux visant à rendre les francophones financièrement dépendants envers le Canada furent, par la logique du fédéralisme, généralisés à toutes les provinces.
Il en a résulté un Canada de nouveau composé de deux « nations », mais d’un caractère très diffèrent : une nation qui produit la richesse (‘Making Canada’, composé principalement de l’Ontario, de l’Alberta et de la Colombie-Britannique) et une autre qui la détourne (‘Taking Canada’, composé surtout des autres provinces, mais avec le Québec dans le peloton de tête).
Sans les changements profonds que la Révolution tranquille ainsi que la montée des Boomers ont enclenchés au Québec, le Canada n’aurait pas connu l’expansion démesurée de l’État qu’on constate depuis les années soixante. Cette dynamique est cependant en sérieuse perte de vitesse.
La surenchère opposant Québec et Ottawa a alimenté une croissance démesurée de l’État au Québec qui a, à son tour, miné la croissance économique, approfondi la dépendance d’une certaine couche de la population vis-à -vis de l’État-providence, multiplié les emplois improductifs dans le secteur public, renforcé le pouvoir de chantage des syndicats, des entreprises et d’autres groupes qui cherchent à s’abreuver à la fontaine des deniers publics, affaibli la famille, et encouragé l’émigration toute en décourageant l’immigration. Le poids politique, économique et démographique du Québec s’en est trouvé amenuisé, tout comme sa capacité de poursuivre la surenchère.
Selon Statistiques Canada, en 2031, le Québec représentera à peine 21 % de la population canadienne. Par contre la Colombie-Britannique, l’Alberta et l’Ontario compteront pour les deux tiers de la population et s’accapareront trois fois plus de sièges que le Québec à la Chambre des communes.
Cette coalition (Making Canada) représentera également 70 % de l’économie nationale. Comparée au Québec, sa population, sa natalité, son immigration, sa productivité et son niveau d’emploi seront tous plus élevés alors que son fardeau fiscal et son taux de retraites anticipées seront de beaucoup inférieurs. La pénurie de travailleurs qu’annonce le vieillissement des Boomers rendra cette région du pays de plus en plus réfractaire à participer au financement d’une partie non-négligeable de l’État-providence obèse du Québec.
Il va sans dire qu’un Québec qui représente une cinquième de la population et de l’économie continuera d’être influent, et tous ces développements auront aussi des conséquences positives.
Par exemple, l’invasion par Ottawa de bien des domaines de politique sociale a eu pour mobile la poursuite de la surenchère. Sciemment ou non, le gouvernement fédéral a ainsi fini par subventionner une série de politiques, notamment au Québec, mais ailleurs aussi, qui ont profondément endommagé les économies provinciales.
On pourra résoudre ce problème en mettant fin aux transferts fiscaux et en les remplaçant par un transfert de capacité fiscale. Lorsque les provinces auront à défrayer la note de leurs politiques sociales à partir de leurs propres ressources, elles seront plus attentives aux résultats obtenus.
En contrepartie, les provinces seraient appelées à reconnaître, une fois pour toutes, le rôle prépondérant du fédéral en ce qui a trait à la création d’un marché libre et sans entrave à l’échelle du Canada.
Le Québec s’opposera évidemment à ce renouvellement de la présence d’Ottawa dans la vie des Canadiens. Par contre, sortir Ottawa des politiques sociales de ressort provincial toute en s’enrichissant d’une partie de la capacité fiscale du gouvernement fédéral constituerait une victoire importante vu sous l’angle des revendications traditionnelles du Québec. Tout compte fait, on pourrait assister à un renouvellement du pacte confédératif qui sera dans l’intérêt de tous.
Brian Lee Crowley est auteur de Fearful Symmetry : the fall and rise of Canada’s founding values qui vient de paraître chez Key Porter.